En bleu, extraits du livre de M. Albert de Montet, Vevey à travers les siècles, publié en 1884 à Turin, réimprimé en 1978 chez Säuberlin et Pfeiffer
En violet, extraits du livre du pasteur Alfred Cérésole, Notes Historiques sur la ville de Vevey, Vibiscum (1890)
En ocre, extraits du livre du professeur Edouard Recordon, Etudes Historiques sur le passé de Vevey, publié en 1970 chez Säuberlin et Pfeiffer
En parme, une communication innovante sur le sens du mot ‘banche’
En gris, une traduction en français d’un article de Wikipedia rédigé en allemand, sur le mot Macellum
En vert, les commentaires de l’auteur de la présente compilation
Le Bourg du Vieux-Mazel
Ancien marché
Page 26-27 : Le bourg ancien, appelé du Vieux-Mazel (Veteris Macelli) était situé sur l’emplacement probable de la station romaine de Vibiscum, à en juger par les antiquités qu’on y a trouvées. D’après M. F. de Gingins, il serait redevable de son nom aux boucheries qui de tout temps s’y trouvaient installées. Cependant, pris dans son acceptation propre, le mot macellum doit se traduire plutôt par marché. Les plus anciens actes français qui nous restent donnent au Vieux-Mazel le nom de Vieux Marché. Cette dénomination est donc seule authentique. Quant à son origine, elle doit être trouvée dans le fait que les marchés de la ville s’y tinrent primitivement.
Page 30 : La partie la plus ancienne de la ville était le bourg du Vieux-Mazel (veteris macelli) ou des vieilles boucheries[1], pour prendre le mot dans son sens littéral. Mais, comme les premiers actes en français que nous possédons désignent le quartier sous le nom du Vieux Marché, cette interprétation doit être également retenue; c’est là, en effet, que se tinrent les marchés jusqu’à la création de la Grande Place.
Le Bourg occupait une partie du site du vicus romain, entre le bâtiment des prisons, Ste Claire, la place du Temple, la rue de l’Hôtel de Ville et le lac
Le Macellum latin servait de marché pour l’alimentation, avant tout pour la viande, le poisson et les produits raffinés. Plaute mentionne déjà dans la deuxième moitié du IIIème siècle avant JC un marché de ce type et le nomme déjà aussi Macellum. Le modèle en était l’agora des villes gréco-hellénistes. Cependant on n’y pratiquait pas de négoce en gros. On a localisé jusqu’à présent environ 80 Macella sur le territoire de l’Empire romain, avant tout en Italie, Afrique du Nord et Anatolie. Ils sont un signe clair de la romanisation à l’intérieur de l’Empire. Les derniers Macella étaient en fonction jusqu’aux époques avancées de l’Antiquité, à Constantinople jusqu’au VIème siècle après JC.
Le mot Macellum d’après Varro, érudit latin du Ier siècle avant JC, vient des Hellènes (Doriens et Ioniens) et signifie jardin. Précisément, on désigne ainsi l’emplacement de l’abattage, puis l’ensemble des installations.
Bourg du Vieux-Mazel et bourg d’Oron
Page 25 : …il ressort avec certitude de la prononciation du 11 novembre 1284 entre les seigneurs de Blonay et ceux d’Oron que les premiers possédaient alors tout le bourg du Vieux-Mazel, qui avec le bourg d’Oron forma seul la ville de Vevey jusque vers le milieu du XIIIème siècle.
Le ‘Vieux’ / le nouveau Bourg à l’Est
Page 14 : 1099._ La partie des rues d’en haut et d’en bas de la ville – entre la place qui se nomme aujourd’hui la place du Temple ou de Ste Claire et la place Orientale – portait le nom de rue des Lombards (les Lombards étaient des changeurs italiens), ……ces rues s’appelèrent dés lors, jusqu’au XIXeme siècle,… rue de Blonay-Dessous (rue d’Italie actuelle)
Page 27 : L’expression de bourg ancien des seigneurs de Blonay, attribuée au Vieux-Mazel dans la charte de 1284, laisse supposer qu’il existait déjà à cette date un bourg neuf des mêmes seigneurs. …. En effet ces derniers venaient d’en fonder un à l’orient de la vieille ville (de la place Orientale à celle de Sainte Claire). Ce quartier est mentionné pour la première fois en l’année 1280 dans le testament de Pierre d’Oron, évêque du Valais, sous le nom de Vicus Caorsinorum. C’était donc une résidence des caorsins, (banquiers) changeurs et usuriers de Vevey.
Le Plan de la ville de Vevey au Moyen Age que nous trouvons dans le livre de M. de Montet fait état de fortifications suivantes :
Les fortifications primitives forment un rectangle bordé à l’Est par Sainte Claire, selon une ligne Nord-Sud qui descend du fossé (actuelle rue du Clos/ rue des Chenevières) droit au lac). Comme l’emplacement du château des Belles Truches (Trois Couronnes) est à l’extérieur des ces fortifications, le terme de primitif désigne probablement dans l’esprit de M. de Montet des fortifications datant de l’époque romaine ou du haut moyen âge.
Au 13ème siècle, elles s’arrêtent à ce qui deviendra la place Orientale, cf plus haut la création du Bourg de Blonay à l’Est du Vieux-Mazel
Au 14ème siècle, elles vont jusqu’à ce qui deviendra le carrefour de l’Entre-Deux-Villes
Le ‘Vieux Marché’ / le nouveau Marché situé à l’Ouest
Page 32 : A peu près dans le même temps (fin du XIIIème siècle) fut aussi fondé sur un terrain que la maison d’Oron avait sous-inféodé partiellement à l’hôpital du Mont-Joux, le nouveau bourg du Marché
Page 59-60 : Il est prouvé par divers actes que le marché du Vendredi existait encore au Vieux-Mazel longtemps après que celui du mardi eut imposé son nom à la place et au territoire dans lesquels il était établi… L’on ne trouve en ville au XVIème siècle que le marché du Vendredi, rétabli sur la place de Sainte Claire (voir plus bas, Place du Vieux-Mazel)
Les maisons du Vieux-Mazel – L’hôpital
Page 255 : Quoiqu’il en soit, l’hôpital (du Vieux-Mazel) était ouvert le 12 Mars 1327, car ce jour-là, le clerc Pierre de Cojonnay vendit à Mermet d’Aubonne une maison « sise au Vieux-Mazel à côté de l’hôpital »
Les citations abondent concernant cet élément essentiel de la vie locale et régionale jusqu’après l’incendie de 1688, situé sur l’emplacement de l’actuel Hôtel de Ville
Le petit hôpital et la boucherie
Page 56 : Parmi les acquisitions que l’hôpital fit encore, on doit citer la maison de Guigonas Preux, que la rue inférieure du Mazel séparait de ses dépendances. On la réunit à celles-ci par un pont couvert et y plaça le petit hôpital, consacré exclusivement aux nécessiteux non-malades …. Ce pont est mentionné dans le compte d’H.de Crosa (1450). C’est à côté de la maison Preux que se trouvait celle de Girard de la Pierre vendue à l’hôpital le jeudi avant la Nativité de NS (1335). Cette maison était, à l’époque ou fut rédigé l’Inventaire des Archives de Vevey, en 1560, le siège de la boucherie.
Page 59-60 : Quelques années après que l’hôpital eut quitté ses bâtiments du Vieux-Mazel pour entrer dans cette nouvelle demeure (ouverture au cours de l’année 1738), le conseil mit en vente le plus petit des ces bâtiments, celui qui était du côté lac, avec son jardin et la boucherie adjacente. Le tout fut adjugé à M. Delom, fabricant de tabac… M. Du Fresne, qui l’acheta à M. Delom, fit raser hôpital et boucherie pour fonder à leur place un corps de logis de belle apparence, situé au fond d’une cour carrée….
Le futur Hôtel du Léman, logis de la Fleur de Lys
Page 50 : L’abbaye de Hautcrêt… acquit sa maison du Vieux-Mazel, mentionnée déjà en 1328 et 1382. C’est là qu’habitait son procureur. Vendue après 1536, cette maison devint un logis à l’enseigne de la Fleur de Lys ( 57 rue d’Italie ). On y logea les pasteurs du Refuge.
La place du Vieux-Mazel
Page 103 : A l’avènement au trône de chaque comte ou duc de Savoie les bourgeois et habitants de Vevey étaient convoqués par le châtelain sur la place du Vieux-Mazel pour jurer obéissance au nouveau seigneur
Page 127 : Il est probable… que la chapelle de St Jean Baptiste, située au Sud-ouest de la place du Vieux-Mazel, inaugura l’ouverture de son marché, aussi longtemps qu’il y fut tenu, au son de la cloche et par une messe.
Notons que selon le Plan de la Ville au Mayen Age que nous citions plus haut, le couvent de Sainte Claire s’étendait à l’Ouest de l’église que nous connaissons, sur le devant et sur une partie du parking de l’Ancien Collège actuel, en direction de l’Eglise Réformée de langue allemande, ce qui explique que dans les textes la place du Vieux Mazel ait été attenante à la fois à Sainte Claire et à la Tour Saint Jean. La rue qui allait devenir rue d’Italie a toujours été étroite, le pavé de maisons qui la bordait empiétait même davantage que de nos jours selon les photos du début du XXe siècle. Ces maisons ont été détruites dans les années cinquante.
La Tour Saint Jean et ses deux cloches
Page 127-128 : Malgré le nom du saint qu’elle reconnaissait pour son patron, la chapelle de St Jean Baptiste n’appartint jamais… à l’ordre de St Jean de Jérusalem, aussi appelé Ordre de Malte. Tous les documents constatent son rapport de dépendance vis-à-vis de l’hôpital du Vieux-Mazel, dont elle fut dès l’origine le sanctuaire…Lors de l’établissement de la maison de ville dans un des bâtiments de l’hôpital, en l’année 1356, sa cloche dut sonner pour les réunions du conseil…. La chapelle Saint-Jean, qui, depuis la réformation, avait perdu sa destination religieuse, se trouvait convertie en magasins, depuis lors utilisés par la ville et l’hôpital. Son clocher renfermait, outre la cloche du conseil, celle de la cour de justice…En 1732 eut lieu l’incendie de la tour St Jean… une nouvelle ramure fut posée… en rebâtissant on maintint l’existence, sous la tour, des magasins dont l’utilité pour la ville ne pouvait être méconnue. Ils furent employés comme autrefois, selon les besoins du moment, à des destinations très diverses, comme corps de garde, logement des seringues (pompes à feu), dépôt de grains et autres marchandises, etc..
Page 256 : A la façade orientale de l’hôpital était adossée une chapelle, dédiée à Saint Jean Baptiste. Les deux cloches de la tour sonnaient l’une pour le tocsin dans cette partie de la ville, l’autre pour convoquer le conseil.
1521. – On place une horloge sur la Tour de Saint Jean
La Banche de la Tour Saint Jean
Page 21 : Au pied de la tour St Jean se trouvait jadis un avant-toit, sous lequel on avait l’habitude de lire publiquement les sentences prononcées contre les criminels.
Page 127-128 : Derrière la chapelle, du côté de la place du Mazel, était fixé, dès les temps les plus anciens, un auvent sous lequel l’avoué, puis, plus tard, le châtelain du comte de Savoie, rendaient la justice ordinaire. Ce dernier y faisait aussi prêter, selon l’antique usage, à son installation, le serment que les bourgeois devaient au comte, son maitre, et jurait, à son tour, de respecter les franchises communales. …. Après l’avènement du régime bernois on supprima, sinon le serment réciproque, du moins le mode de tenir justice en plein air, et le bailli établit son tribunal ou chapitre le châtelain, à la maison de ville. …. Cependant le couvert, que l’on appelait alors bauche (sic), continua à subsister contre la muraille orientale de la tour jusqu’en l’année 1715, ou il fut enlevé à la prière du Conseil.
Page 256 : Devant la chapelle, sur la place du Vieux-Mazel, se trouvait un auvent, dit « la banche », sous lequel le châtelain prêtait serment à la bourgeoisie et rendait la justice. En 1715, le Conseil sollicite du bailli l’autorisation de supprimer cet avant-toit, « attendu qu’il est d’une maintenance inutile à LL. EE., servant même d’allumette pour causer des malheurs. » Dans la suite on y installa la fontaine actuelle.
Page 387 : (La justice) se rendait jadis en plein air, sous la « banche », un avant-toit adossé à la Tour de Saint Jean, « où l’on lisait les procès criminels ».
Signification du mot ‘banche’
Message électronique de Madame Roth, conservatrice à la bibliothèque de Genève
Sujet: RE Question historique
Madame,
Je vous propose de consulter les pages 339 et suivantes de mon livre. J’y fais état de toutes les informations recueillies sur la forme matérielle des banches ou bancs ou études de notaires. Depuis, je n’ai pas effectué de nouvelles recherches.
Mon livre a été publié en 1997 et vous le trouverez certainement dans l’une ou l’autre bibliothèque vaudoise (voir RERO)
De la banche à l’étude. Une histoire institutionnelle, professionnelle et sociale du notariat genevois sous l’Ancien Régime, Genève, 1997, 812 p. (Mémoires et documents publiés par la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, 58).
Avec mes messages les meilleurs, Barbara Roth
Conservatrice Bibliothèque de Genève Département des manuscrits mss.bge@ville-ge.ch
Extrait du RERO
Analyse : Jusqu’au début du XVIIIe siècle, les études de notaires étaient désignées sous le terme de ‘banche’. En effet, elles se situaient souvent dans de simples haut-bancs, au cœur de la cité, reflétant la fonction de rouage économique quotidien qu’occupent les notaires. Au fil des décennies, le rôle et l’activité de ces derniers se modifient ; ils se font discrets et se retirent dans des études moins ouvertes sur la rue.
o De nos jours
Il est courant de nos jours d’entendre un juriste désigner par « bancs de foire » une succursale locale de son étude ou cabinet principal. Un avocat de Lausanne dira ainsi qu’il se rend à son banc de foire de Vevey, souvent un simple bureau chez un collègue.
La Fontaine de la Tour Saint Jean
Page 21 : 1635. – Fontaines – Le conseil ordonna l’établissement de trois fontaines : l’une au Vieux-Mazel, adossée à la Tour Saint Jean ; la deuxième au bourg Bottonens (bout de la ville) ; la troisième à la croisée des rues du Bourg Franc et de la Croix blanche (rue du Centre). … Ces trois fontaines furent établies sur les dessins de M. Brandouin. … De ces trois fontaines, la première (St Jean) fut reconstruite en 1778 ; la deuxième supprimée et remplacée par une fontaine avec une tour horloge en 1840 …
Page 128 : (En 1715, l’auvent) fut remplacé par une fontaine… Au mois d‘octobre 1778, une fontaine monumentale, exécutée d’après les dessins de Michel Brandouin, fut érigée au pied de la tour…L’ancien bassin fut alors placé sous la fontaine du bourg de la Villeneuve
Le château fortifié des Belles Truches
Page 29 : Catherine (de Blonay), mariée à Antoine de Belletruche, eut la maison forte du Vieux-Mazel, qui prit alors le nom de son propriétaire, puis le bourg de Blonay-dessous.
Page 16 : Le siège de l’avouerie (droit de juridiction) se trouvait dans une maison forte, avec fossé et pont-levis, située au bord du lac. Cette maison fut appelée plus tard les Belles Truches. (Actuel Hôtel des Trois Couronnes)
Quelques patronymes intéressants
Page 21 : 1370. – Le dimanche 7 Juillet, le comte Amédée VI de Savoie, se trouvant à Morges, concède en faveur de Vevey diverses libertés et franchises. En échange, il reçoit… Les députés qui se rendirent à Morges remercier Amédée VI furent Rodolphe de Preux, Jacques de Curtilles et Guillaume Forney.
Page 57 : Qu’il nous soit permis de citer ici les noms de famille suivants, admis après la Révocation (1685), lors de la seconde émigration :
Grenier (reçu bourgeois en 1679), Couvreu(1688), …Durieu (1712)…
Les noms français des du Bourg, Barbier et d’autres bourgeois actuels se rattachent à la première émigration, qui eut lieu avant la Révocation, dans les temps qui suivirent les affreux massacres de la Saint Barthélemy (1572)
A suivre : les Zwieback de la boulangerie Durieu, la fabrique de biscuits lactés etc…
[1] Pendant bien des siècles les boucheries, ainsi que les abattoirs, occupaient le bas de la rue du Léman qui n’était du reste qu’une ruelle