Avant 1840

On retrouve sur les plans cadastraux les plus anciens cette même parcelle allongée. La construction s’est simplement densifiée avec le temps. Le côté rue d’Italie a toujours été recherché, mais le côté lac était plutôt mal famé jusqu’à ces toutes dernières années.

Rue d’Italie, XVI et XVIIeme siècle

Pour la petite histoire, visualisons la rue d’Italie au XVI et XVIIème siècle. Nous sommes sous la tutelle bernoise. Vevey accueille par centaines des Huguenots qui apportent avec eux leur savoir-faire. La ville prospère. Jusqu’à l’installation de la fontaine fin XVIIIeme, c’est sur cette placette devant la la Tour Saint Jean (1329) que se rendait ce que l’on appellerait à présent la justice de paix. La maison bourgeoise échappe à l’incendie de 1688 qui a détruit la plus grande partie de la Vieille Ville. Elle garde donc sa charpente de bois côté cour intérieure. Tous les murs jusqu’au toit, donc quatre étages, présentent une épaisseur rassurante. Ils sont constitués d’empilement de pierres disparates liées à la chaux.
Une rénovation profonde étant intervenue fin XIXème, de l’échope qui devait exister autrefois sur la rue d’Italie nous n’avons rien trouvé, plutôt une arche d’interrogation: que venait faire ce bel arc de molasse moyen-âgeux, un portail qui laisserait passer des charettes, en plein milieu sous une maison?

Au premier nous avons pu déceler la disposition d’une chambre à coucher: le lit était séparé du reste de la pièce par une sorte de porte ou panneau coulissant de bois. Elle n’était pas chauffée.
La chambre donnait directement dans une grande pièce décorée de grisailles à la bernoise avec un soubassement peint également en gris. Cette teinte très caractéristique, qu’on retrouve dans beaucoup de vieilles maisons de la région, était obtenue à partir de la cendre de sarments de vigne. La pièce était chauffée par un poêle, de plus en plus grand au fil des époques. Les murs de pierre sont couverts d’un mortier ancien, à base de brique pilée. Une des deux petites niches prises dans le mur comportait une porte articulée par du cuir.

Au deuxième étage une cheminée en molasse peu profonde chauffait la petite pièce. Les solives peintes en jaune, tout comme les solives de la grande pièce, dont on devine qu’elles étaent peintes en gris avec des filets plus foncés, souffrent des injures du temps. A cause d’infiltrations d’eau certaines devront être coûteusement solidifiées par remplacement de bois au coeur de la poutre et injection de résines spéciales. La grande pièce devait être polychrome: on retrouve sur le plafond entre les poutres des traces de fleurs et fruits, en gris bleuté et jaune orangé. Cette pièce était chauffée par un poêle.

De l’histoire de cette maison nous ne savons rien de plus aujourd’hui. Signalons que le toit a été à une époque indéterminée plus bas d’environ un mètre cinquante, les très longues poutres de la charpente d’origine ont été conservées à l’époque et servaient de support à un galetas intermédiaire.

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Fleurs et fruits, un vestige émouvant des exilés du Refuge

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Cadastre, autour de 1850